- L’Église de l’Alliance Chrétienne et Missionnaire du Gabon est née en 1934 sur sollicitation expresse de l’Église Évangélique du Gabon (EEG). Depuis 1842, les missionnaires occidentaux associés aux catéchistes fangs et miènè ne savaient pas comment aborder les populations du sud, intransigeantes à travers leurs coutumes et traditions.
Pendant ce temps à deux mille kilomètres du Gabon, l’Alliance Chrétienne et Missionnaire fonctionnait au Congo Belge comme un poisson dans l’eau. La Mission Évangélique de Paris tendit la main d’association à ces nord-américains et les invita chez nous. C’est ainsi qu’en 1934, deux missionnaires étatsuniens créèrent au village Makombo dans la périphérie de Lébamba, une congrégation dénommée Église Évangélique du Sud-Gabon (EESG). Le partenariat imposé par les français était clair: l’EEG s’occuperait du nord et l’EESG se limiterait au sud. Tout le monde respecta scrupuleusement cette convention. Voici pourquoi pendant les 50 premières années, les membres de l’Alliance Chrétienne furent essentiellement sudistes. Le siège de l’EESG fut établi à Mouila.
- Dans les années 1950, des vagues de sudistes avaient commencé à migrer vers le nord du Gabon, et la plupart ne comprenaient pas français. Les paroisses de l’Église Évangélique du Gabon furent bientôt confrontées à ce problème ethno-linguistique, jusqu’à frôler la catastrophe. Les migrants ne comprenant ni miènè, ni fang, désertaient les paroisses et abandonnaient carrément la foi chrétienne. Ça ne pouvait plus durer. En 1968, l’EEG invita l’EESG à s’installer aussi dans le nord du Gabon, pour s’occuper des brebis en perdition. C’est ainsi qu’en 1972, le premier missionnaire gabonais arrivé du sud fut le pasteur Victor Ndoukou Moukoko âgé de 21 ans. Son séjour dura deux ans, et il fut directement remplacé par le Révérend Kivy Boudiongo Sylvain âgé de 42 ans.
Parmi les premiers membres de la chapelle de Libreville, il y avait des chrétiens venus du sud Gabon, mais aussi du Zaïre, du Congo, du Nigeria, de Côte d’Ivoire, du Tchad, de la République Centrafricaine, du Cameroun, et même un monsieur arrivé du Cambodge dont le nom se prononçait Hing Hang. Son fils était chauffeur de taxi à Paris. Dans la Chapelle de Cocotiers il y avait aussi des miènè et des fangs. La très fervente Suzette Berthe Assayi Kingbo, professeur d’EPS dans l’enseignement catholique. Le couple Rose et Jean Marie Ebiaghe résidant la cité des ouvriers de la SNBG à Owendo Port En-Haut, avec leurs nombreux enfants versés dans la musique. Et puis des ressortissants de Bitam: Ovono Petit-lambert de la SEEG avec son meilleur ami, Eyindanga Édouard.
- Le Révérend Kivy motiva chacun de ces peuples à créer une chorale d’évangélisation pour traduire les prédications dominicales en langues vernaculaires, et encourager la foi de leurs frères et sœurs. Parallèlement à ces groupes franco vernaculaires, le mouvement Jeunesse Pour Christ évangélisait les milieux scolaires et universitaires. Dans les quartiers, les familles Nkuli Bobila Paul, Moussavou François Rosaire, Boukangou François et autres multipliaient les cellules de prière. Le mouvement des femmes de l’Alliance Chrétienne organisait des séminaires à travers tout le pays, celui des hommes s’occupait des villages entre Libreville et Lambaréné. En moins de 15 ans, les résultats furent époustouflants. Quand le pasteur Kivy mourut le 30 août 1989, il dirigeait une paroisse de 5 mille membres réguliers à Avéa2, et il supervisait un réseau de nouvelles paroisses dans toutes les provinces du pays, la plupart étant créées par des chrétiens ordinaires. En dépit des sollicitations, Révérend Kivy n’a jamais voulu devenir président de l’Église.
L’EESG étant désormais partout dans le pays, elle ne pouvait plus continuer à porter un nom régional. En 1987, elle embrassa l’identité de ses origines pour devenir Église de l’Alliance Chrétienne du Gabon (EACG), avec pour siège Libreville.
Libreville, le 03 août 2021
Philippe César Boutimba Dietha