Plaine Orety : Quand la société civile « moutouki » brouille les pistes dans l’affaire des déguerpissements sauvages
Par Joseph Moundruma
L’épineux dossier des déguerpissements à Plaine Orety a mis en relief le rôle trouble joué par certaines figures de la société civile gabonaise. Aminata Ondo et Georges Mpaga, pour ne citer que ceux-là , présentés comme médiateurs dans ce dossier sensible, se retrouvent aujourd’hui au cœur d’une polémique qui interroge leur impartialité et leurs motivations réelles.
La société civile, traditionnellement garante des droits des citoyens et contre-pouvoir face aux abus, semble avoir dévié de sa mission dans cette affaire. Alors que des centaines de familles se retrouvent expulsées sans solution de relogement adéquate, ces acteurs ont tardé à réagir avant de s’improviser « porte-parole » du pouvoir en place. Leurs déclarations publiques, particulièrement celles visant l’ancien Premier ministre Raymond Ndong Sima qu’ils ont désigné comme responsable des déguerpissements, ont jeté de l’huile sur le feu plutôt qu’apaisé les tensions.
Il faut dire que les méthodes employées par ces tartempions soulèvent de sérieuses questions. Leur mission de médiation, lancée le 13 juin dernier, coïncide étrangement avec des accusations unilatérales contre le gouvernement de la 5e République, sans qu’aucune enquête sérieuse n’ait été menée au préalable.
Ce qui interpelle davantage, c’est le changement de posture de ces acteurs qui, après avoir dénoncé avec véhémence les abus sous l’ère Bongo, semblent aujourd’hui servir des intérêts partisans.
Le silence de ces acteurs sur l’absence d’indemnisation des familles déguerpies contraste étrangement avec leur empressement à soutenir publiquement le gouvernement de la 5e République. Cette attitude ambivalente nourrit la défiance des habitants de Plaine Orety, qui dénoncent une « médiation de façade » sans impact concret sur leur situation.
Le scandale de Plaine Orety démontre avec éclat que certains soi-disant « leaders civils » ont troqué leur indépendance contre des positions de complaisance. Le Gabon a plus que jamais besoin d’une société civile authentique, capable de défendre réellement les sans-voix plutôt que de servir de caution à des manœuvres politiques. La crédibilité de ces acteurs est désormais mise à mal, et avec elle, la confiance des Gabonais dans les institutions de médiation.
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