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Plaine Orety : une politique du bulldozer qui rappelle le cas des compatriotes sauvagement spoliés par le CNEE derrière le stade d’Agondjé

Par Joseph Moundruma

Les opérations de déguerpissement et de destruction menées récemment à Plaine Orety s’inscrivent malheureusement dans une longue série d’expropriations abusives au Gabon. Cette situation n’est pas sans rappeler le scandale similaire survenu en novembre 2021 à Angondjé, où le Conseil National de l’Eau et de l’Electricité (CNEE) avait procédé à la destruction d’habitations sans base légale valable.

Les faits d’Angondjé restent particulièrement édifiants. À l’époque, le CNEE avait agi en invoquant des instructions ministérielles, mais l’intervention de la justice révéla l’absence totale de titre de propriété, de décret d’attribution ou d’autorisation judiciaire. Plus grave encore, les juges découvrirent l’existence d’un faux document utilisé pour justifier ces expulsions. Trois ans plus tard, ce dossier reste en suspens, avec une demande d’indemnisation de 5 milliards de FCFA des populations spoliées, empêchant toujours le CNEE d’établir son siège officiel.

comme constaté sur ce document, le CNEE détruit en novembre 2021 et c’est en janvier 2022 qu’il obtient la décision d’attribution. Une preuve qu’au moment des casses, il n’avait aucun droit

Aujourd’hui à Plaine Orety, le scénario semble se répéter. Pourtant, une simple consultation des normes urbanistiques aurait dû alerter les autorités : cette zone, celle de derrière le Stade de l’Amitié Sino-gabonaise, intégralement occupée par des habitations, ne répond pas aux critères pour y implanter une administration publique. Les familles expulsées se retrouvent une fois de plus sans solution de relogement ni compensation équitable.

Il faut dire sans tergiverser que le ministre Philippe Tonangoye se trouve face à une double responsabilité. D’une part, régler définitivement le contentieux d’Angondjé qui prive l’une des administrations sous sa coupole d’un siège permanent. D’autre part, éviter de reproduire les mêmes erreurs à Plaine Orety en privilégiant le dialogue et le respect des procédures légales.

Ces affaires successives posent une question fondamentale de gouvernance urbaine. Le développement ne peut se construire sur la violation systématique des droits des citoyens. Les populations concernées ne s’opposent pas au progrès, mais exigent simplement le respect des procédures, une indemnisation juste et des solutions de relogement appropriées.

En effet, la solution passe par une véritable politique d’urbanisme transparente, respectueuse des droits de propriété et des équilibres sociaux. Plutôt que d’utiliser la manière forte, l’État gagnerait à privilégier la concertation et le respect des normes établies. Le cas d’Angondjé, toujours pas résolu, aurait dû servir de leçon pour éviter que Plaine Orety ne devienne un nouveau contentieux judiciaire et social. Hélas non.

Il est temps que les autorités comprennent que le développement urbain ne peut se faire au mépris des droits fondamentaux des citoyens. Une administration qui veut regagner la confiance des populations doit d’abord montrer l’exemple en respectant scrupuleusement la loi qu’elle est censée faire appliquer.

Il est important de rappeler qu’aujourd’hui, pour vider le contentieux qui oppose les populations ayant construit en face du stade d’Angondjé et l’État gabonais, il serait plus simple de les reloger, au lieu de les dédommager à hauteur de 5 milliards de francs CFA.

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