Accueil » Présidentielle 2023/Structures de base: l’impasse de Steeve Nzegho Dieko

Présidentielle 2023/Structures de base: l’impasse de Steeve Nzegho Dieko

Par Kongossanews

Par Stive Roméo Makanga

Dire que Steeve Nzegho Dieko conduit une machine rouillée est un euphémisme, tant la sclérose de la formation politique qu’il dirige est si évidente. Un parti incapable de résurgence, parasité par les guerres intestines et coups bas de ses principaux acteurs. Le scrutin d’août 2023 pourrait consacrer une déconfiture “cash” d’Ali Bongo Ondimba, si les choses restaient en l’état.

Une situation irréversible, qui aura été la résultante de deux facteurs impénitents, et qui semblent s’être profondément incrustés dans le parti des masses.

D’abord il y a les structures de base. Outre le secrétariat exécutif, le Parti démocratique gabonais (PDG) repose presqu’entièrement le principal de sa stratégie de terrain sur les membres du bureau politique, les membres du Conseil national, et les membres du Comité permanent. Ces hommes et femmes sont, dans l’essence même des choses, les grands mobilisateurs et rassembleurs du parti.

Ils sont ceux qui font les élections : législatives, sénatoriales, municipales, présidentielles. Ils constituent la force centrifuge du Parti.
Cependant, il se trouve que ces dernières sont vieillissantes et ont été incapables de mener à bien leurs missions depuis ces dernières années, au regard des déconvenues observées sur le terrain, l’exemple le plus éloquent étant celui de la présidentielle de 2016. Ali Bongo Ondimba s’est fait élire avec peine, face à un adversaire décidé à briser le signe indien du maintien au Pouvoir des Bongo.

Pourtant, ils avaient été nombreux à rassurer le président candidat sur leur efficacité à le faire élire. On y est allé de tous les concepts pompeux et farfelus, comme celui de “La Ngounié forte”, avec Guy Bertrand Mapangou, Yves Fernand Mamfoumbi et bien d’autres leaders de cette partie du pays, dont les présomptions se sont très vite atrophiées dans les urnes.

Et que dire du Woleu-Ntem, où monts et merveilles avait été vendu à Ali Bongo Ondimba ? La bérézina a plutôt été cinglante au terme du scrutin.

Le président sortant se faisait battre par son adversaire dans les provinces de la Ngounié, du Woleu-Ntem, de la Nyanga et bien d’autres. Dans la première province citée, 41,76% contre 53,76% pour le candidat de l’opposition. Mais c’est plutôt dans le Nord du Gabon que la déconfiture a été la plus violente. 72,9% pour Jean Ping, contre 24,81% pour Ali Bongo Ondimba.

Un épisode douloureux, qui ne serait jamais arrivé si les anciens vendeurs d’illusions n’avaient pas été autant confortés dans leur perspective. Et le plus étonnant nonobstant cette mésaventure cauchemardesque, c’est que les mêmes membres du bureau politique, du conseil national et du comité permanent, à l’exception des décujus, aient été maintenus dans leurs douillettes fonctions.

Le dicton populaire veut qu’ “on ne change pas l’équipe qui gagne”. Toute la question est celle de savoir de quelle efficacité ils ont été lors du scrutin de 2016.

Il aurait fallu, par l’effet d’un congrès, faire le ménage et, pourquoi pas, donner leurs chances à tous ces transfuges de l’opposition qui ont rejoint le parti de masses il y a encore quelques mois.

Dans cette perspective, la main tendue d’Ali Bongo Ondimba devrait plutôt servir à faire bouger les lignes, briser les codes usuels pour permettre une réelle percée du PDG.

Un sentiment que doit probablement partager Alain Claude Billie By Nze, le fraîchement promu vice-premier ministre, puisqu’à la faveur d’une récente sortie, il n’a pas manqué d’évoquer cet aspect, relevant en des termes à peine couverts que ceux de l’opposition ayant rejoint le parti ne devraient pas pour autant être volontairement positionnés en derniers de la classe. Et que dire des leaders issus des fusions-absorption?

C’est précisément cette considération qui conforte tant les hiérarques actuels, en plus de concentrer tous les privilèges.

LE PDG DES UNS ET PAS DES AUTRES

Manifestement, tous les pédégistes ne sont pas logés à la même enseigne, et les transfuges de l’opposition devront encore galérer au bas de l’échelle, affublé du simple statut de militant de base, alors qu’ils ont été des rouleaux compresseurs sur le terrain politique dans leurs anciennes familles.

Les inégalités sont si criardes au sein du parti qu’elles finissent par agacer. Et tout commence par la tête. Steeve Nzegho Dieko, nommé sénateur par Ali Bongo Ondimba, puis secrétaire général du PDG, et bien plus encore. Le cumul de postes va donc bon train, alors que certains membres du bureau politique (et ils sont nombreux), tirent le diable par la queue, peinent à se vêtir et se loger correctement.

Tout porte à croire qu’au sein du parti d’Ali Bongo Ondimba existe une sorte de noyau dur, de bloc compact qui peut tout cumuler, quand certains sont des hauts gradés mais sans être capables de s’acheter un moyen roulant. Rien que ça.

Disons les choses sans atermoiements. Un membre du bureau politique est un haut cadre du parti, qui a cette particularité d’être socialement stable. C’est justement cet état de fait qui conforte son leadership sur le terrain, et le rend capable de plus grandes actions.

Avec quel genre de membres du bureau politique Ali Bongo Ondimba ira-t-il à la présidentielle ? Soyons catégoriques, le président candidat ne tiendra pas le rythme d’une série d’excursions à travers le Gabon. Il devra s’appuyer sur des hommes et des femmes de l’hinterland, socialement stables et représentatifs, capables de drainer les foules.

À Malinga, par exemple, les cinq membres du bureau politique n’ont absolument aucune ressources et frisent presque la précarité.

Idem pour Guietsou, où les conditions de vie sont d’une extrême complexité. Dans cette localité, le sénateur est de l’opposition, le député est un indépendant, et le Bureau Politique du PDG n’a aucune ressource financière. Impossible donc que le parti d’Ali Bongo Ondimba gagne dans de telles conditions.

De plus, le scrutin à venir revêt un caractère particulier. Il sera à deux tours, et donc plus difficile à tenir pour le candidat du Parti démocratique gabonais (PDG).

À l’instar de l’élection de 2005, qui a le mérite de n’avoir pas connu une grande protestation, Steeve Nzegho Dieko s’appuiera-t-il sur des coordonnateurs de campagnes suffisamment pointilleux et méritants, qu’importe qu’ils soient du PDG ou de la majorité, et qu’importe qu’ils aient été fusionnés et absorbés ? C’est cette stratégie-là qui avait marché.

Gageons que Steeve Nzegho Dieko garde la lucidité.

Related Articles

Laisser un commentaire