Remaniement ministériel : Mays Mouissi traité poliment et gentiment d’incompétent
Par Stive Roméo Makanga
Le statut de « grand économiste » dont jouissait Mays Mouissi, au regard de ses critiques jadis très acerbes contre le régime d’Ali Bongo Ondimba, déchu le 30 août 2023, était donc usurpé. Le désormais ex ministre de l’Economie et des participations avait été surcoté. Roulé dans la farine, comme de nombreux gabonais d’ailleurs, le gouvernement Ndong Sima a, par la voix du Secrétaire général de la présidence de la République, décidé d’y mettre un terme ce 15 janvier 2025. Il était temps.
Consécutivement à l’explosion du taux d’endettement du pays sous la transition, Mays Mouissi vient d’être éjecté de son douillet fauteuil de ministre de l’Economie et des Participations. Après avoir enfariné les populations et abreuvé ces dernières d’analyses et d’argumentations souvent redondantes et impertinentes, il pourra désormais aller se retourner les pouces à l’Environnement et au Climat. Un portefeuille ministériel sans réels enjeux, mais qui devrait lui donner toute la latitude de méditer sur une vertu très importante : l’humilité…qui précède souvent la gloire.
A son corps défendant, l’originaire de Ndéndé découvrira toute la valeur, à la fois symbolique et philosophique, du dicton suivant : « les grands diseurs ne sont pas toujours les bien faiseurs ». En effet, la capacité à parler avec éloquence sur les plateaux de télévision à l’international, ou à faire de grandes analyses rhétoriques ne garantit pas nécessairement qu’on soit capable de proposer mieux.
Le taux d’endettement du Gabon, qui s’établissait à 58,2 % du PIB en 2023 (soit un encours de dette de 7 081 milliards de FCFA), a connu une augmentation alarmante sous la Transition, atteignant 70,5 % du PIB en 2024, tout en dépassant le seuil critique fixé par la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC). Ces chiffres traduisent une gouvernance économique chaotique, parasitée par une gestion laxiste et des décisions prise au tiercé-quarté. Pire encore, les projections du FMI annoncent un taux d’endettement pouvant atteindre 78,9 % en 2025 si aucune réforme budgétaire rigoureuse n’est entreprise.
Les conséquences de cette mauvaise gestion sont déjà palpables. La Banque mondiale, en raison d’arriérés de paiement, a suspendu ses décaissements en faveur du Gabon. Dans la même veine, la Banque africaine de développement (BAD) a gelé, depuis trois mois, ses financements destinés au pays, exacerbant une crise économique qui n’épargne ni les finances publiques ni la crédibilité internationale du Gabon.
Ce remaniement était donc inévitable et urgent. La Transition n’a eu d’autre choix que de réagir face à une hémorragie économique majeure. L’éviction de Mays Mouissi devrait être considérée comme une mesure corrective, mais également comme un avertissement pour tous ceux qui, investis de responsabilités publiques, peinent à allier compétence et résultats.
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