Tribune Libre n°181: Régulation des partis politiques au Gabon : un mal nécessaire
Par JOVANNY MOUBAGNA, JURISTE PUBLICISTE CHERCHEUR À L’UNIVERSITÉ OMAR BONGO, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT DU CERCLE DE RÉFLEXION DES ÉTUDIANTS EN DROIT ET LEADER D’OPINION.
La régulation est à la mode. Des « bonnes » aux médias, en passant par les arènes et les navetanes, aucun secteur ne semble échapper aux ciseaux des régulateurs du Jub Jubel Jubbunti. Pour le moment, un pan entier de la vie publique semble échapper à la serpillière. Il s’agit de la faune des partis politiques qui, pourtant, méritent en priorité le coup de balai. Le Gabon, pays de 2 millions d’habitants ne saurait continuer avec ce système où créer un parti politique est mille fois plus facile que de créer une entreprise. Alors que, pour un pays qui aspire à l’émergence, dans un proche avenir, ce devait d’être l’exact contraire. Le Gabon, depuis la période coloniale, s’est résolument engagé dans un processus de libéralisation politique. Le pluralisme politique était, en effet, de mise dans cette colonie française .
A son accession à la souveraineté internationale, notre pays revoit ses ambitions à la baisse dans une proportion conforme à sa trajectoire et à ses projections économiques. Ce faisant, il fait l’économie d’une floraison de formations politiques et opte pour, d’abord, un parti unique plus tard unifié qui sera le Parti Démocratique Gabonais (PDG). En 1990, alors qu’il amorce le virage d’une période post crise de 1989, le Président OMAR BONGO ONDIMBA soulève le couvercle avec une respiration démocratique à plusieurs courants politiques représentant les courants de pensée de l’époque avec le retour du multipartisme.
Mais, c’est avec l’avènement d’Omar Bongo au pouvoir que l’ouverture intégrale est actée mais limitée dans la pratique. Le semblant d’alternance historique de 2009, après le décès d’Omar Bongo Ondimba fait naître des ambitions chez quasiment tout le monde, chacun se voyant comme le potentiel successeur de ce dernier. C’est donc dire que, à la mort de ce dernier au pouvoir, tout le monde pensait s’installer sur le fauteuil, chaque matin en se rasant. Ainsi, d’une dizaine, on passe à plus de 100 partis politiques voire 150.
Dans cette faune, rares sont ceux qui peuvent justifier le respect des critères requis pour continuer à exister dont les plus importants sont une comptabilité claire et des sources de financement claires, identifiées et traçables et 18000 adhérants sur l’ensemble du territoire national. Le Dialogue national d’angondjé fixait un nouveau cap démocratique, clair et irréversible. La liberté de créer un parti politique devrait s’adosser à un impératif de rationalisation pour plus de lisibilité. Un choix à mi parcours entre la dissolution exercée dans les Etats de l’AES (Mali, Niger, Burkina) et la pagaille actuelle.
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