Par Joseph Mundruma
L’importation de véhicules, secteur censé contribuer significativement aux recettes fiscales du Gabon, est aujourd’hui miné par des pratiques frauduleuses. Ce phénomène, bien connu de tous, prive le pays de ressources publiques cruciales et contribue à une évasion massive de capitaux, au vu et au su des autorités. La récente affaire impliquant un ancien trésorier payeur gabonais auprès de la République française en est une illustration particulièrement édifiante. Cet homme, qui serait actuellement sous enquête pour détournement de deniers publics, selon le secrétaire général de la CGPMEI, serait mêlé à une fraude relative à l’importation d’une Mini Cooper au châssis numéro WMW518R0803P05111 de 2022.
En effet, un conteneur en provenance de France, numéroté 9241198, contenait le véhicule en question, évalué à 30 millions de FCFA. Cependant, des documents douaniers révèlent que les droits d’importation, qui auraient dû s’élever à 54 % de la valeur du bien, soit environ 16.200.000 millions de FCFA, n’ont été que partiellement réglés. Grâce à la complicité présumée du directeur régional du Port d’Owendo et du frère cadet du trésorier payeur, également douanier, ce dernier aurait joué les intermédiaires. Toutes ces informations ont été dénoncées par le Secrétaire général de la CGPMEI.
Selon des sources concordantes, un haut responsable du bureau des douanes, pleinement conscient de la valeur réelle de la Mini Cooper, aurait accepté de fermer les yeux en échange de contreparties personnelles, tout en sacrifiant l’intérêt public sur l’autel de la corruption. Ce cas n’est malheureusement pas isolé, comme le souligne le secrétaire général de la Confédération Gabonaise des Petites et Moyennes Entreprises et Industries (CGPMEI). Selon lui, la sous-évaluation des factures d’importation constitue un fléau récurrent, alimenté par des agents véreux.
La sous-évaluation systématique des véhicules : une pratique destructrice
La manipulation des prix d’importation, facilitée par certains douaniers, représente un danger pour l’économie gabonaise. En l’occurrence, la Mini Cooper a été déclarée à un prix bien inférieur à sa valeur réelle, réduisant de façon substantielle les droits de douane. “Ces fonctionnaires, censés protéger les recettes publiques, participent activement à ces fraudes en échange de pots-de-vin”, dénonce le secrétaire général de la CGPMEI. Ces pratiques génèrent une concurrence déloyale, où les importateurs respectueux des règles fiscales se retrouvent désavantagés par rapport aux fraudeurs bénéficiant de complicités au sein de l’administration douanière.
Un préjudice fiscal pour l’État gabonais
Les conséquences économiques de ces fraudes sont considérables. Dans le seul cas de la Mini Cooper, l’État gabonais aurait perdu près de 14.200.000 FCFA, une somme qui aurait pu être réinvestie dans des projets d’infrastructures ou des services sociaux tels que la santé et l’éducation. Par ailleurs, ces malversations faussent les règles de la concurrence, nuisant de fait à la stabilité du secteur des importations.
Des mesures urgentes pour rétablir l’intégrité
“Face à l’ampleur de ces fraudes, des mesures urgentes s’imposent. Il est nécessaire de renforcer les contrôles douaniers à travers l’introduction d’outils technologiques permettant de comparer les valeurs déclarées avec les prix réels du marché. Des audits réguliers, réalisés par des organismes indépendants, devraient permettre de déceler les irrégularités et d’identifier les agents impliqués dans ces pratiques illégales. De plus, des sanctions exemplaires doivent être envisagées à l’encontre des fonctionnaires corrompus, incluant des peines d’emprisonnement et des amendes substantielles. Enfin, une coopération renforcée avec les pays exportateurs de véhicules s’avérerait essentielle pour garantir la transparence des transactions et lutter efficacement contre la sous-évaluation des factures d’importation”, suggère le secrétaire général de la CGPMEI.
Et: “La complicité de certains douaniers dans l’évasion de capitaux via la manipulation des prix d’importation représente un fléau pour l’économie gabonaise. Il est désormais urgent d’agir pour restaurer la transparence et l’intégrité au sein de l’administration douanière, sous peine de voir s’éroder les bases mêmes de l’économie nationale.”