Makokou : La communauté musulmane de l’Ogooué-Ivindo en proie à des manœuvres de division
Makokou, capitale de l’Ogooué-Ivindo, est le théâtre d’une vive controverse au sein de la communauté musulmane locale, exacerbée par des soupçons de complot pour imposer un imam en contradiction avec les textes réglementaires en vigueur. Des agissements orchestrés par certains membres influents de la communauté suscitent de profondes divisions et perturbent l’harmonie sociale dans cette région.
Les événements prennent racine dans une tentative présumée de nommer un imam proche de Mahamadou Tidjani, alias Babagana, le Grand imam du Gabon, en dehors des processus institutionnels définis par la Charte régissant les affaires islamiques du Gabon. La délégation censée superviser cette installation aurait procédé sans qu’un décret de nomination officiel ne soit communiqué aux autorités locales. Ce flou administratif a déclenché une vive opposition, y compris parmi les membres de la délégation elle-même, dont l’un a préféré se retirer pour des raisons éthiques, dénonçant un acte qu’il a qualifié de « mafieux et conspirationniste ».
Au cœur de la polémique, certains membres de la communauté Haoussa, notamment Ouba Garba, délégué spécial adjoint 2 de la mairie de Makokou, et Mahama Adamo Goldfinger, chef de quartier central, sont accusés d’avoir usurpé leurs fonctions administratives pour influencer les nominations au sein de la mosquée locale. Ces deux personnalités, qui ne sont ni théologiens ni membres du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques du Gabon (CSAIG), auraient élaboré des documents officieux pour imposer leur vision. Leur objectif supposé : écarter les imams issus de la communauté musulmane autochtone de l’Ogooué-Ivindo.
Les accusations s’étendent également à une gestion controversée des fonds de la grande mosquée de Makokou, confiés à des responsables non reconnus officiellement. Cette situation alimente les tensions et favorise des pratiques jugées opaques.
Un procès-verbal daté du 5 novembre 2024 et dont notre rédaction a obtenu copie révèle que ces manœuvres s’opposent à la désignation de Matsi Nazhire Ibrahim, un imam diplômé de l’université de Médine en Arabie Saoudite. Ce dernier avait pourtant été officiellement nommé le 12 octobre 2024 par le comité national des imams, théologiens et arabisants, sous l’égide du CSAIG. Selon certaines sources, le Grand Imam du Gabon, Mahamadou Tidjani, alias Babagana, aurait orchestré cette opposition pour installer un candidat de son choix, tout en renforçant les soupçons de complot.
Ces querelles internes ont entraîné une profonde fracture au sein de la communauté musulmane de Makokou. Les fidèles dénoncent les actions de Mahama Adamo Goldfinger, frère cadet de l’ancien ministre Moussa Adamo, qui se serait autoproclamé chef de la communauté musulmane de l’Ogooué-Ivindo. Ce dernier aurait mis en place un bureau parallèle pour exercer un contrôle sans partage sur les affaires islamiques locales.
Pour légitimer leur opposition à l’imam Matsi Nazhire Ibrahim, les détracteurs auraient même adressé une pétition controversée au gouverneur de la province, au délégué spécial de la mairie, ainsi qu’aux services de renseignement (B2, CEDOC, DGA). Cette démarche, perçue comme une tentative de contourner les institutions légales, a exacerbé les divisions et semé le trouble parmi les fidèles.
Une nécessité de retour à l’ordre
Face à ces agissements, les voix s’élèvent pour appeler à une intervention ferme des autorités nationales afin de rétablir l’ordre et préserver l’unité de la communauté musulmane de Makokou. Les fidèles demandent que les nominations respectent scrupuleusement les textes en vigueur et que les responsables des divisions soient tenus pour compte de leurs actes.
Dans ce climat de tension, la tenue des états généraux de l’Islam sous forme d’un Congrès Extraordinaire devient impératif, afin de garantir la transparence dans la gestion administrative des affaires islamiques et les lieux de culte, car La cohésion de la communauté musulmane de l’Ogooué-Ivindo en dépend aussi.
Laisser un commentaire