Affaire Hervé Patrick Opiangah : La justice gabonaise souillée jusqu’aux entrailles?
Par Stive Roméo Makanga
L’affaire qui frappe Hervé Patrick Opiangah, président de l’UDIS, se transforme en une affaire d’État au cœur de laquelle la justice semble perdre toute crédibilité. Deux parjures flagrants reprochés au Procureur de la République et au Procureur général rendent l’instruction non seulement fragile, mais potentiellement illégale.
Selon Dépêche 241, le Procureur de la République, Bruno Obiang Mvé, a affirmé en mondovision, le 13 décembre 2024, qu’une plainte avait été déposée contre Opiangah le 14 novembre 2024. Pourtant, un constat d’huissier, corroboré par l’arrêt de la Chambre d’accusation du 8 mai 2025, indique clairement que cette plainte aurait été enregistrée seulement le 25 novembre 2024. Ce parjure manifeste fragilise l’intégrité de l’ensemble de l’enquête judiciaire.
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Pire encore, le Procureur général près la Cour d’appel, Eddy Minang, a soutenu l’existence d’une plainte datée du 19 novembre 2024. Une deuxième incohérence formelle et judiciaire, mise en relief par le même constat d’huissier. Comment justifier ces versions divergentes si la procédure ne repose sur aucune charge tangible et si la « victime » nie les faits ? Telle est la question.
Poursuites indéfendables ou cirque judiciaire ?
Trois arguments cruciaux se détachent :
D’abord, un parjure commis publiquement par deux magistrats séparément.
Ensuite, une plainte déposée a posteriori, alors que les poursuites ont commencé dès le 20 novembre 2024, avant tout enregistrement légal.
Enfin, l’absence de victime formelle, les accusations initiales ayant été réfutées par la personne concernée.
Face à ces éléments, comment maintenir la logique judiciaire ? Le procureur et le procureur général ne devraient-ils pas, dans un État de droit, mettre un terme immédiat à cette procédure ? C’est la question que tout le monde se pose.
C’est pourquoi aujourd’hui ils sont nombreux à penser que le scénario s’apparente à un film judiciaire mal ficelé : accusations infondées, dates « réécrites », pièces versées à l’instruction aux contours flous. Ce n’est plus simplement un dysfonctionnement, c’est un état de non-droit annoncé. Déjà, des organisations telles que l’UDIS et certaines voix au sein de la magistrature pointent du doigt « une justice instrumentalisée ». C’est dire.
Vers un retour du président d’UDIS ?
Au regard de ce qui précède, on peut légitimement se poser la question : à quel titre le ministère public poursuit-il des poursuites basées sur des faux en écriture publics ? Si l’on met de côté la rhétorique politicienne, la seule issue raisonnable serait de prononcer un non-lieu immédiat. Ce geste serait moins un pardon qu’une restitution de la dignité judiciaire – et rétablirait la possibilité pour Hervé Patrick Opiangah, acteur politique majeur, de proposer son retour.
Dans la bouche des avocats comme celle d’analystes, le mot « machination judiciaire » revient souvent. Cette affaire pourrait rester dans l’histoire judiciaire gabonaise comme l’exemple d’une justice tentée par la tentation du spectacle et l’ombre de l’influence politique. Une justice affaiblie, en vérité – et condamnée, si elle persiste, à rejeter toute légitimité.
Lorsque la parole du ministère public devient un mensonge d’État, il ne reste plus à la justice qu’une seule voie : mettre fin à des poursuites viciées. Sinon, c’est l’ensemble de l’appareil judiciaire qui s’effondre dans l’opprobre nationale.
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