Gabon/souveraineté industrielle : l’État mise sur Moanda pour transformer son manganèse sur place

Par Cadette Ondo Eyi

Dans le cadre de la stratégie nationale de valorisation des ressources minières, le ministre de l’Industrie et de la Transformation Locale, Lubin Ntoutoume, a effectué une mission de terrain du 30 juin au 2 juillet sur les installations industrielles de la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), à Moanda. Cette visite s’inscrit dans la dynamique amorcée par le gouvernement gabonais visant à interdire, d’ici 2029, l’exportation de manganèse brut afin de favoriser sa transformation sur le territoire national.

Accueilli par l’Administrateur Directeur Général de Comilog, Léod Paul Batolo, ainsi que par plusieurs responsables des départements métallurgie, développement durable et communication, le ministre est venu évaluer le potentiel actuel de l’appareil industriel local et les perspectives de son développement futur.

Photo de famille au terme de la rencontre 

La délégation ministérielle a visité deux pôles industriels majeurs : le Complexe Industriel de Moanda (CIM), opérationnel depuis 2000 et spécialisé dans la production de manganèse enrichi, et le Complexe Métallurgique de Moanda (CMM), mis en service en 2015, qui assure la transformation du minerai en silicomanganèse et en monoxyde de manganèse. Ces infrastructures emploient à ce jour 266 salariés, dont 99,6 % sont de nationalité gabonaise, illustrant ainsi une volonté manifeste de promotion de la main-d’œuvre locale.

Une phase de la rencontre 

Le ministre a également pu découvrir les laveries modulaires d’Okouma, mises en service en 2024, marquant une étape supplémentaire dans la modernisation des capacités de traitement du minerai.

À l’issue de la visite, le lelbre du gouvernement s’est exprimé en ces termes :

« À Moanda, j’ai découvert une chaîne de valeur complète, allant de l’extraction jusqu’à la transformation en produits à haute valeur ajoutée. Je suis reparti profondément convaincu que nous avons les moyens humains et techniques de réussir la souveraineté industrielle que nous appelons de nos vœux. Je salue l’engagement de Comilog, qui non seulement joue le jeu de la transformation locale, mais investit aussi dans des infrastructures sociales utiles à nos populations. »

Point d’orgue de cette mission, la visite de l’École des Mines et de la Métallurgie de Moanda (E3MG), fruit d’un partenariat entre l’État gabonais et Comilog. Avec plus de 200 jeunes déjà formés et un taux d’insertion professionnelle atteignant 75 %, cet établissement constitue un levier stratégique dans la constitution d’un vivier de techniciens et d’ingénieurs compétents dans des domaines clés tels que l’exploitation minière, la métallurgie, l’électromécanique ou encore l’automatisme industriel.

Le ministre s’est ensuite rendu à Mounana, où il a constaté l’avancée des travaux du centre de contrôle technique et de délivrance de permis G. Ce projet étatique, appuyé par Comilog, sera livré dans deux mois. Il s’inscrit dans une logique de dynamisation de l’économie locale et d’amélioration de l’employabilité des jeunes.

Cette mission ministérielle vient confirmer la convergence stratégique entre l’État et les acteurs industriels, en particulier Comilog, pour faire émerger au Gabon une filière de transformation du manganèse robuste, créatrice de valeur et génératrice d’emplois qualifiés. À l’heure où le pays amorce un virage décisif vers la transformation locale de ses ressources, Moanda apparaît comme une illustration concrète du potentiel industriel national et du chemin vers une souveraineté économique assumée.