« Je ne serai heureux que lorsque les gabonais seront heureux », importante déclaration d’Ali Bongo Ondimba en 2016, dans une adresse à la nation.
De deux choses l’une : ou le chef de l’État savait au moment précis de cette annonce toutes les implications d’un tel engagement, ou bien se conformait-il tout bonnement à un de ces exercices de flatterie des populations ?
La seconde proposition de ce questionnement paraît inconcevable, au stricto sensu.
L’on sait de tradition que les politiques sont élus pour s’investir esprit, âme et corps, dans la perspective qui vise l’amélioration des conditions de vie des populations.
C’est aussi dans le même ordre d’idées que l’on pourrait tous s’accorder à dire qu’en politique, il ne s’agit pas de plaire ou de ne pas plaire, il s’agit d’être cohérent, de s’investir dans la plus grande sincérité pour les populations dont on est les représentants.
Cela dit, le doute nous est donc autorisé. Preuves à l’appui, éléments juxtaposés mis en exergue, le chef de l’État est loin d’être en adéquation avec ses engagements et le cas Bambouchine est sans doute le plus excellent, qui pourrait d’ailleurs servir de démonstration.
Nous pouvons brièvement présenter les choses de la manière suivante : pourtant situé dans le sixième arrondissement de Libreville, la capitale du Gabon, Bambouchine fait parti de ces nombreux quartiers coupés de toute civilisation.
Là-bas, toutes les preuves de l’échec d’une vraie politique sociale sont établies.
Absence d’eau potable, d’électricité, de route, de sécurité… sans être exhaustifs, sont autant de chantiers sur lesquels les populations attendent en vain le gouvernement d’Ali Bongo Ondimba.
En 12 années de magistère, le chef de l’État ne semble pas s’être soucié de ces compatriotes, littéralement à bout de souffle.
S’agit-il d’un refus catégorique de donner l’essentiel, ou d’un déni des réalités existentielles de ces populations ? Cette seule problématique constitue pour beaucoup une véritable énigme.
Sur la question l’adduction en eau potable, le gouvernement d’Ali Bongo n’y a guère songé. Les projets en ce sens sont inexistants.
De fait, la résignation de ces populations se traduit dans leur quotidien. L’eau des puits ou celle des ruisseaux reste à ce jour la seule alternative.
Outre l’eau potable, l’électricité se pose elle aussi comme une problématique majeure.
Là aussi, la résignation des riverains est toute consommée. Chacun y va de sa lampe tempête, de son groupe électrogène ou de son panneau solaire (pour les plus « fortunés »).
Mais ces deux aspects sont loin de constituer les seules préoccupations des compatriotes d’Ali Bongo.
« Nous sommes des parias. L’Etat nous a condamné », n’hésitent plus désormais à déclarer les populations.
En deux mandats, Ali Bongo Ondimba n’a construit aucune école dans cette partie de Libreville, pourtant fortement peuplée.
L’unique structure publique existante est un don de la République du Japon, laquelle pour voler au secours des « parias », n’a consenti qu’à la construction d’un rikiki bâtiment, sans lieux d’aisance.
Enseignants et élèves serrent les fesses, ou, lorsque la limite de leur résistance est atteinte, font le choix de tout évacuer dans la forêt, avec tous les risques que cela comporte.
Le dispensaire érigé dans la même enceinte est à l’abandon, voici trois ans.
Devenue une habitation naturelle des reptiles, les agents de l’État boudent leurs affectations, toutes les conditions requises pour une meilleure prise en charge des populations n’étant pas réunies.
Et comme si cela ne suffisait pas, pour acter la condamnation des habitants de Bambouchine, le gouvernement d’Ali Bongo réfléchit à l’implantation d’une décharge publique, celle de Mindoubé ayant très largement dépassé ses limites.
Sur ce que les populations considèrent comme un mépris en plus de les avoir ignoré des décennies durant, les nerfs se lisent désormais à fleur de peau.
« nous ne nous laisserons pas faire. Nous ne leur avons plus rien demandé depuis des années. Ils nous ont traité comme des parias, avec nos femmes et nos enfants, nous n’avons rien dit. Leur poubelle, ils peuvent aller la faire ailleurs », avancent les populations, courroucées.
L’horizon est loin d’être radieux. Face à ce qui s’annonce désormais comme un bras de fer, plus personne ne proscrit la probabilité d’une vive confrontation.
Stive Roméo Makanga