Guerre de légitimité au PDG : Le parti d’Ali Bongo au bord de l’implosion ?
Par Jimmy Mandoukou
Dans les quartiers huppés de Libreville, la tension monte d’un cran au sein du Parti Démocratique Gabonais (PDG). L’ancien parti au pouvoir, déchu depuis le coup d’État du 30 août 2023, traverse une crise existentielle qui menace désormais son unité. Au cœur de cette tempête politique : une bataille acharnée pour le contrôle de l’appareil partisan entre deux camps aux positions apparemment irréconciliables.
Une légitimité contestée
D’un côté, un nouveau bureau exécutif autoproclamé en mars 2024, qui tente d’imposer sa vision d’un renouveau. De l’autre, un Directoire provisoire de redressement tout juste créé, porté par des « légalistes » comme Ali Akbar Onanga Y’Obegue, qui dénoncent une « usurpation » et réclament le retour aux « instances régulièrement mises en place ».
Le nœud du problème ? Une guerre des statuts qui illustre la profonde fracture au sein du parti. Alors que le nouveau bureau s’appuie sur les statuts de 2008 pour convoquer un congrès extraordinaire, les « légalistes » brandissent ceux de 2022, dénonçant une manœuvre « juridiquement inexistante » selon les termes d’Onanga Y’Obegue.
Les séquelles du 30 août
Cette crise interne révèle les profondes cicatrices laissées par le coup d’État du 30 août. L’éviction d’Ali Bongo du pouvoir a visiblement créé un vide que les différentes factions du PDG tentent de combler, chacune revendiquant la légitimité historique du parti.
Mais au-delà des querelles statutaires, c’est l’avenir même du PDG qui se joue. Le parti peut-il survivre à la perte du pouvoir et à ses divisions internes ? La question reste entière, d’autant qu’Onanga Y’Obegue pointe du doigt un contexte politique national tendu, critiquant notamment « la manipulation de l’ordonnancement juridique gabonais » par le CTRI.
Un appel à la raison
Face à cette situation explosive, les « légalistes » tentent de jouer l’apaisement, privilégiant la voie judiciaire à l’affrontement direct. « Nous ne cherchons pas à conflictualiser la situation », assure Onanga Y’Obegue, qui appelle ses « camarades » à « faire preuve de sagesse ».
Mais cet appel sera-t-il entendu ? Dans un pays en pleine transition politique, où les anciennes règles du jeu sont en train d’être réécrites, l’ancien parti au pouvoir semble avoir du mal à trouver sa place. Entre volonté de renouveau et attachement aux anciennes structures, le PDG apparaît plus que jamais comme le symbole d’une époque révolue qui peine à s’adapter aux bouleversements en cours.
La suite des événements dira si le parti est capable de surmonter ses divisions pour se réinventer, ou si cette crise marquera le début de son déclin définitif. Une chose est sûre : l’issue de cette bataille interne aura des répercussions majeures sur l’échiquier politique gabonais.
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