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La France ne se salira plus les mains

Par Kongossanews

Par Stive Roméo Makanga

Libreville devrait s’alarmer des putschs successifs intervenus ces récentes années dans la CEDEAO, qui reflètent ceux d’un microcosme qui a pleinement engagé une phase de désintégration presqu’irréversible, et la destruction d’alliances jadis tenues comme inviolables.  

Au-delà de leur caractère divertissant, les films ont souvent retranscrit des réalités certaines. Politique, économie, société…ces aspects sont mis en scène, sous des intrigues palpitantes, dans la perspective d’en présenter les fondements, des axiomes que nul ne peut récuser.

Ainsi, dans Game of Thrones, série culte américaine achevée en 2019, on y voit des alliances se faire et se défaire, au grès de rebondissements, dans des contextes qui ont fini de convaincre les cinéphiles avisés que rien n’est à priori définitif, et ne saurait d’ailleurs être tenu pour acquis.  

Cette vérité, que l’on peut – à juste titre d’ailleurs – considérer comme un axiome fort, est pleine de sens et pourrait jeter les bases d’une réflexion politique éclairée et soutenue.

Sous Emmanuel Macron, en cinq ans seulement, le concept de France-Afrique a été considérablement dynamité. Avec un coup d’État au Mali, puis au Burkina et une tentative de coup d’État au Niger, en 2021, l’avenir de la présence militaire française au Sahel s’inscrit désormais en pointillés.

Plus globalement, les nations africaines boudent la France en tant que figure tutélaire, et militent pour la dissolution d’alliances pré et post indépendance.

Cette grogne presque généralisée a aujourd’hui du mal à être solidement contenue. La France sait qu’elle perd peu à peu la main, et que les contextes ont bien changé depuis Pétain ou De Gaulle.

Les nations africaines d’expression française récusent désormais leurs alliances dites « historiques », devenues pesantes et lourdes de conséquences.

De plus, toute la géopolitique est bouleversée depuis un peu plus d’un quart de siècle. Et comme le démontre Samuel Huntington dans « Le choc des civillations », son excellent ouvrage publié aux éditions Odile Jacob, « Les occidentaux doivent admettre que leur civilisation est unique mais pas universelle et s’unir pour lui redonner vigueur contre les défis posés par les sociétés non occidentales ».

L’Afrique, qu’il présente comme une civilisation à part entière, parmi les neuf qu’il identifie (occidentale – latino-américaine – africaine – chinoise – islamique –orthodoxe – bouddhiste – japonaise – hindoue) souhaite s’affranchir de tous liens occultes avec la France, par nécessité d’indépendance et de souveraineté.

Par son ambition non dissimulée d’intégrer coûte que coûte le Commonwealth, les autorités gabonaises ont fait elle aussi affront à la France qui, bien que silencieuse sur le sujet, a sagement coché l’obséquiosité des actuels régents du Palais Rénovation.

Et comme dans Game of Thrones, en sa huitième et ultime  saison où Sansa Stark, devenue Dame de Winterfell, fit payer à Lord Petyr Baelish par une exécution public tous les sévices endurés chez les Bolton par le fait d’alliances passées par ce dernier, qui se présentait comme son protecteur, il est presque certains que la France ne pardonnera pas au Gabon son affront et sa condescendance.

Ainsi, pour la présidentielle de 2023, avec un Ali Bongo isolé et lâché par ses frères maçons, qui lui font le reproche d’avoir trahi leurs alliances, nonobstant les multiples preuves de loyauté témoignées en quelques circonstances majeures, surtout en 2016, par le déploiement d’une solide chaîne d’union comme exigé en loges, les collégiens sans tenues règlementaires du Palais Rénovation, principaux manœuvriers des bourrasques observées au sommet de l’État, ne pourront compter sur une aide de la France, au motif d’une alliance ancienne ou de dernière minute. Ils ont tout fichu en l’air.

La probabilité que l’Élysée leur apporte un appui est presque de zéro. Preuve en est du coup d’État militaire au Burkina Faso, fait ayant conduit à la destitution de Roch Marc Christian Kaboré, pourtant régulièrement élu à 57,87 % des voix au dernier scrutin.

Face à un peuple déterminé pour l’alternance, la vraie et non une de façade, il est possible que même les alliances soient de peu d’utilité.

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