Orabank Gabon : Les revendications du personnel ignorées depuis deux mois, une crise sociale en vue ?
Par Stive Roméo Makanga
Depuis le 7 mars dernier, un cahier des charges reprenant les principales revendications des employés d’Orabank Gabon repose sur le bureau de la direction générale, sans qu’aucune réponse ou réaction officielle n’ait été enregistrée. Ce silence, perçu comme un désintérêt ou un mépris, nourrit un climat de frustration grandissant parmi les collaborateurs.
Ce document, fruit des délibérations de l’Assemblée générale des salariés du 3 mars 2025, a été élaboré par les délégués du personnel, lesquels dénoncent l’immobilisme de la direction face à des problématiques cruciales touchant aussi bien la justice sociale que le bien-être des employés. Par ailleurs, il avait été transmis au ministre du Travail de l’époque, Adrien Nguema Mba, ainsi qu’à l’Inspecteur du Travail pour information et suivi.
Parmi les revendications formulées, plusieurs points méritent une attention particulière.
- La reprise des crédits à la consommation au personnel : Les collaborateurs demandent une communication claire et officielle sur ce sujet crucial. Faute de réponse, ils exigent une solution immédiate pour mettre fin à une situation bloquée depuis trop longtemps.
- Les reclassements automatiques : Prévue par la convention collective, cette mesure, jugée prioritaire, ne saurait être repoussée à 2027 comme le suggère la direction. Une réunion explicative avec le département des Ressources humaines est réclamée pour assurer le respect des droits des salariés éligibles.
- La prise en charge des lunettes à hauteur de 400 000 FCFA : Considéré comme un droit acquis, cet avantage est d’autant plus justifié que les collaborateurs passent de longues heures devant leurs écrans.
- Les primes d’intérim et leur officialisation : Les employés demandent que toute période d’intérim soit notifiée par écrit et accompagnée d’une prime, même pour des périodes inférieures à 30 jours, dès lors que des charges supplémentaires sont assumées.
- Le calcul de la prime du bilan : Une transparence totale est demandée sur les modalités de calcul de cette prime, afin de garantir l’équité et la compréhension de tous les bénéficiaires.
- L’instauration d’un 14e mois : En cohérence avec d’autres filiales du groupe Orabank, telles que celles du Togo et du Bénin, les collaborateurs gabonais revendiquent le paiement d’un 14e mois, soulignant que rien dans la convention collective gabonaise ne l’interdit.
En outre, des préoccupations liées à l’équité dans l’attribution des avantages aux responsables et chefs de services ont été soulevées. L’uniformisation des avantages est jugée essentielle pour renforcer la cohésion d’équipe et reconnaître équitablement les contributions de chacun.
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Le recrutement local pour les postes stratégiques est également une revendication phare. Les employés s’indignent du maintien d’un Directeur de Recouvrement sans autorisation d’emploi, une situation qu’ils jugent contraire à la législation gabonaise. Cette position s’accompagne d’un plaidoyer en faveur de la valorisation des caissières expérimentées, comptant plus de cinq ans d’ancienneté, dans le cadre des recrutements internes.
Le cahier des charges met également en exergue une exigence de protection accrue contre le harcèlement professionnel. Les délégués du personnel plaident pour l’instauration d’un dispositif de signalement et de traitement des cas, indispensable pour garantir un environnement de travail respectueux.
Le silence prolongé de la direction générale sur ces revendications inquiète. Les délégués du personnel appellent à une réponse rapide et constructive pour éviter une détérioration du climat social.
« Ce cahier des charges, élaboré dans un esprit de dialogue, vise à promouvoir le bien-être des collaborateurs tout en préservant la performance de l’entreprise. Le statu quo actuel est contre-productif et risque de compromettre cette double ambition », a déclaré un des délégués.
Le bras de fer entre les employés et la direction d’Orabank Gabon pourrait bien s’intensifier si aucune avancée concrète n’est enregistrée dans les semaines à venir. Une situation que les parties prenantes auraient tout intérêt à désamorcer rapidement.
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