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Orabank Gabon : Quand le management prend l’eau

Par Stive Roméo Makanga

Il est des crises qui éclatent comme des orages en mer calme, révélant les failles invisibles d’un navire que l’on croyait insubmersible. Depuis janvier 2024, Orabank Gabon, piloté par son nouveau Directeur Général, Mevi Carlos Maxime, semble voguer en eaux troubles. Sous une gestion qualifiée d’« autoritaire, opaque et clivante », l’établissement financier est en proie à une crise sociale et managériale sans précédent. Ces informations, révélées par le journal d’investigation Le Confidentiel, jettent une lumière crue sur les pratiques du dirigeant.

Mars 2024. Une retraite stratégique à la Baie des Tortues vire à la mutinerie. Deux consultants étrangers, invités pour aiguiller l’équipage, assènent des propos jugés humiliants à l’encontre des employés gabonais, les qualifiant de « paresseux ». L’indignation enfle, les esprits s’échauffent. Dans ce climat électrique, Mevi Carlos Maxime quitte les lieux précipitamment, abandonnant ses équipes à leur ressentiment. Le naufrage est symbolique, mais il préfigure une dégradation durable du climat interne.

À cette humiliation initiale s’ajoutent des pratiques managériales controversées. L’arrivée de collaborateurs étrangers, notamment togolais, dans des postes clés sans nominations officielles ni autorisations de travail, suscite des remous. « Nous sommes à risque juridique », s’alarme un cadre interrogé par Le Confidentiel. L’absence de transparence dans ces désignations alimente un malaise profond, renforçant le sentiment d’exclusion des talents locaux.

Lire l’article du Journal Le Confidentiel:

Crise de confiance à Orabank Gabon : le management du DG, Mevi Carlos Maxime, sur la sellette

Les vents contraires ne s’arrêtent pas là. La communication interne du Directeur Général est dénoncée comme inexistante ou agressive. Des réunions stratégiques se transforment en champs de bataille verbaux où, au lieu de capitaner, Mevi Carlos Maxime désigne ses équipes comme des « ennemis internes ». Cette posture clivante aggrave les fractures au sein de la banque, où l’absence de vision claire laisse les employés en pleine dérive.

Alors que le Gabon traverse une transition politique majeure, les institutions financières jouent un rôle crucial. Mais, là où des établissements comme BGFI Bank se voient salués pour leur soutien, Orabank brille par son silence. Cette absence d’engagement est perçue comme un désaveu de son ancrage local, renforçant les critiques sur un leadership trop tourné vers des intérêts étrangers.

Le sentiment d’un « management importé », dénué de compréhension des spécificités locales, alimente un profond malaise. Les cadres gabonais, marginalisés, dénoncent une gouvernance éloignée des besoins du terrain et des attentes nationales. L’image d’une banque « au service d’intérêts étrangers » s’installe, menaçant la cohésion interne et la pérennité de l’institution.

Le climat à Orabank Gabon est qualifié de « toxique ». Concentration des décisions, absence de gouvernance partagée, mépris des sensibilités locales : autant de facteurs qui alimentent l’appel à un changement de leadership. « Ce sont les Gabonais qui en souffrent », conclut un cadre, laconique.

La mer est capricieuse, dit-on, mais les naufrages ne sont jamais le fruit du hasard. À Orabank, le cap devra être redressé, ou l’histoire retiendra que, faute de capitaine à l’écoute, un navire solide a fini par sombrer.

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