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“Pour l’honneur de mon père,  je viens demander réparation”: l’appel d’une jeune gabonaise à Oligui Nguema

Par Kongossanews

Par Pauline Ntsame 

Dans une lettre ouverte au président de la Transition,  Mélissa Bissapi, une jeune compatriote diplômée en logistique et transports, tout en relatant brièvement les difficultés existentielles vécues peu après la disparition de ses parents, met sur la table de ce dernier une préoccupation majeure: La confiscation par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), des cotisations de son père défunt.  Une injustice vécue au quotidien par de nombreux gabonais. 

Retrouvez l’entière lettre ci-dessous publiée in extenso.  

Libreville le 15 novembre 2023

LETTRE À MON PRÉSIDENT BRICE CLOTAIRE OLIGUI NGUEMA 

À vous qui, depuis votre investiture, n’avez ménagé aucun effort pour restaurer la dignité des Gabonais et redonner au Gabon ses lettres de noblesse, je m’adresse aujourd’hui en tant que fille, dans l’espoir que ma lettre atteindra votre cœur de père.

Chacun a le droit d’utiliser le moyen qui lui semble adéquat pour exprimer sa détresse. Pour ma part, j’ai choisi cette lettre, priant pour qu’elle vous parvienne et qu’elle trouve un écho favorable auprès de vous cette fois-ci.

En tant que Gabonaise, je suis fière de mes origines, comme l’ont été mes parents aujourd’hui décédés. Peut-on se sacrifier, consacrer sa vie au service de sa PATRIE, quitter ce monde en laissant ses enfants dans l’incapacité de récupérer ce qui leur revient de droit ?

Mon père, que Dieu ait son âme, a servi son pays avec amour et dévouement. Cependant, après sa mort, ma défunte mère, mon grand-frère et moi avons connu l’indignité la plus totale. Dépouillés par les leurs et par l’État gabonais, qui n’a pas hésité à utiliser des moyens frauduleux pour s’approprier les services rendus par mon père et vendre ses biens.

En 2005, ma mère quittait à son tour ce monde, affaiblie par le chagrin, la misère et la maladie qui n’ont pas cessé de ronger son quotidien après le départ de celui avec qui elle avait tout construit. Elle n’a rien perçu de ce qui lui revenait de droit, c’est-à-dire les droits de mon père.

Quant à mon grand-frère, il a tenté de faire des démarches pour que nous puissions bénéficier de nos droits, fruits du dur labeur de notre père. Malheureusement, personne n’a écouté un jeune homme sans véritable soutien.

Des années plus tard, à peine sortie de l’adolescence, j’ai entrepris les mêmes démarches. Malheureusement, j’ai été découragée par les paroles de la personne qui m’avait reçue : “Mademoiselle, vous avez plus de 18 ans, il est probable que l’État a récupéré cet argent. Vu le temps écoulé, vos démarches n’aboutiront à rien (CNSS).”

Depuis lors, nous avons appris à survivre avec la faim, la misère et les intempéries, passant d’un parent à l’autre comme des chiens sans propriétaire.

Aujourd’hui, je ne viens pas mendier, car je pourrais m’en passer et continuer à survivre comme nous l’avons fait jusqu’à présent. Mais, à cette heure tardive, je me souviens de ce que ma mère disait : ils étaient jeunes, amoureux et désireux d’offrir le meilleur à leur progéniture. Elle n’a pas hésité à lui donner toutes ses économies, fruit de son commerce, pour qu’il puisse passer le concours qui le mènera à devenir infirmier.

Oui, mon père était infirmier. Il a servi le Gabon, spécifiquement à Jeanne Ebori. Malgré cela, après sa mort, ses enfants ont vécu des années dans la douleur et l’affliction.

Pour l’honneur de mon père, je viens demander réparation. Je refuse de continuer à garder ce silence et cette colère qui me rongent depuis si longtemps, car c’est enfin notre essor vers la félicité.

BISSAPI MÉLISSA, Diplômée en logistique et Transports

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