Par Stive Roméo Makanga
L’adresse d’Ali Bongo Ondimba, prononcée le samedi 31 décembre dernier aurait été crédible, s’il avait fait une autopsie réelle de l’État du pays. Mais le déphasage qui y est apparu illustre bien que l’entier discours délivré par le président Gabonais a été écrit par des individus fourbes et mesquins, décidés à tirer encore plus bas le Gabon. Quel dommage!
Si l’opinion avait longtemps pensé que tous les discours d’Emmanuel Macron portaient la signature de Brigitte, la première dame, c’est une publication de Libération qui va lever l’équivoque.
En lieu et place de cette dernière, c’est Sylvain Fort, un normalien agrégé de lettres classiques, à qui incombe cette délicate responsabilité, où réalisme et sincérité doivent joyeusement s’épouser.
Qu’il s’agisse de l’Élysée ou du Palais Rénovation, le principe reste identique. C’est au “Conseiller discours, Mémoire”, ou au patron de la Communication présidentielle, dans une certaine mesure, qu’ échoit cette tâche.
Dans le cas d’Ali Bongo Ondimba, on se demande toujours qui peut bien être cet individu qui pond les discours de l’Exécutif gabonais. Et la dernière adresse à la nation a renforcé cette interrogation, tant les points soulevés ont éberlué plus d’un.
Ali Bongo Ondimba a donné cette impression de parler d’un pays imaginaire, où ses efforts personnels auraient porté le Gabon sur la voie du développement.
” En 2022, le Gabon s’est redressé. Après deux années terribles, marquées par la pandémie de Covid-19, notre pays s’est redressé et a repris sa marche en avant”, a-t-il déclaré.
De fait, ils sont nombreux à s’interroger. De quel redressement “spectaculaire” parle le président Gabonais? “notre sens de l’anticipation et à nos décisions mais aussi grâce à vos efforts et à votre adhésion. Il s’est transformé. Il a
progressé, parfois de manière spectaculaire, dans bon nombre de domaines”, a martelé Ali Bongo Ondimba.
Le discours à la nation du président Gabonais est tout sauf réaliste et républicain. En plus de se satisfaire de réalisations invisibles et de progrès imaginaires, il a aussi été fort malheureusement provocateur et profondément méprisant à l’endroit des opposants, qu’il traite de “charlatans”.
Ceci conduit à s’interroger sur les circonstances qui ont prévalu à l’écriture du discours présidentiel. Les différents conseillers du Cabinet d’Ali Bongo Ondimba ont-ils préalablement discuté sur les points saillants à développer ? Pas si sûr, ou peut-être que oui, et que l’objectif a été de maintenir la dénégation sur les difficultés et la résilience qu’endurent les populations.
Fidèle à lui-même, Ali Bongo Ondimba ne s’est pas empêché de faire une ribambelle d’annonces, comme celle de la création d’écoles provinciales, notamment à Mouila et Makokou. Ou encore l’érection de l’Université des sciences et techniques de la santé d’Okala.
Toutes des chimères, dira-t-on. À raison.
Le discours à la nation de samedi est une couleuvre qui passe encore très mal, tant sa trame antirépublicaine insupporte. Après 14 ans d’atermoiements, de balbutiements et de sinistrose, il aurait plutôt été l’occasion de fédérer l’espoir des Gabonais. Que nenni!
