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Naufrage du Esther Miracle: quid de la responsabilité du ministère des Transports

Par Kongossanews

Par Stive Roméo Makanga

Dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, le Esther Miracle, petit ferry de la compagnie Royal Coast Marine (RMC) a coulé avec 161 personnes à bord, au lieu de 151 comme indiqué par le gouvernement le jour du drame.
Selon Loïc Mangongo, le procureur de la République adjoint, “Cent-vingt-quatre personnes ont été secourues, trois corps sans vie retrouvés tandis que 34 personnes sont portées disparues et les recherches se poursuivent”.

Cependant, il faut avouer que 48 heures après la tragédie, les chances de retrouver des survivants ou des corps est assez improbable et la raison en est toute évidente : le Gabon est situé dans le golf de Guinée et les courants y sont particulièrement vifs.

Si l’on s’est intéressé, jusqu’ici, à la responsabilité des dirigeants du Royal Coast Marine, ainsi que l’a indiqué André Patrick Roponat, le procureur de la République :” le propriétaire aura à répondre de la mise en péril de la vie des passagers”, il serait plutôt intéressant de reconsidérer tout ceci.

Disons qu’encore une fois, le procureur de Libreville se trompe tout bonnement car, autant les propriétaires du Esther Miracle devront répondre, autant les autorités compétentes, et donc le ministère des Transports, devra aussi assumer cette immense tragédie.

QUE SAIT-ON DU ESTHER MIRACLE?

Très peu de choses, sinon que le ferry mis en cause brillait pour son incroyable vétusté. De sources concordantes, la compagnie de navigation privée, dont les responsables sont restés injoignables jusqu’à vendredi, avait acquis et inauguré le navire en novembre 2022.

De là, plusieurs informations dont la date de construction, manquent cruellement à l’appel.

Pourtant, des témoignages des naufragés secourus, le navire Esther Miracle présentait des défaillances assez visibles au moment de son départ de Libreville pour Port-Gentil.

Si ces récits sont confirmés, il n’y a pas d’autres échappatoires. L’administration publique aura fait preuve de laxisme et de négligence, en délivrant une autorisation de naviguer à un transporteur d’avance douteux.

De plus, “Les mesures transitoires annoncées par le ministre Brice Paillat (Transports), notamment la suspension jusqu’à fin-mars de toute navigation de nuit, et l’audit de toutes les unités navales de transport, ne paraissent pas suffisantes, ni contraignantes”, estime un ancien administrateur de la Capitainerie du Port-Môle de Libreville cité par nos confrères de GabonReview.

En lieu et place d’une démission de Brice Constant Paillat, une suspension de fonctions du directeur général de la Marine marchande devrait elle aussi être envisagée.
la chaîne de décision dans son entièreté, à savoir le directeur général de la Marine marchande, le directeur général adjoint, les directeurs intervenant directement dans la prise de décision, les délégués provinciaux Estuaire et Ogooué-Maritime, devraient être sanctionnés par une suspension de leurs fonctions jusqu’à l’aboutissement de l’enquête qui devrait faire connaître leur niveau de responsabilité. Soit, ils sont inculpés et traduits devant la justice. Soit, justice leur est faite comme non-responsables. De même, la direction générale de la compagnie Royal Coast, exploitante du bateau, devrait être inculpée”, estime la source citée par notre confrère en ligne.

COMME UNE ODEUR DE GABON EXPRESS

Si de nombreuses voix s’élèvent déjà dans l’opinion pour exiger des sanctions exemplaires à l’endroit de tous les responsables de cette tragédie, certains en revanche doutent déjà du dénouement de cette affaire.

Punira-t-on les responsables, oui ou non? André Patrick Roponat a d’ailleurs annoncé des couleurs. Le naufrage pourrait-être “un cas de force majeure indépendant de la volonté de quiconque”. En clair, personne ne pourrait-être sanctionné puisque personne n’est responsable.

Une situation qui n’est pas sans évoquer celle de la compagnie Gabon Express, en juin 2004, dont le naufrage avait coûté la vie à de nombreux compatriotes. Nonobstant les enquêtes annoncées tambour battant, aucune élucidation n’a jamais été faite, et les sanctions n’ont jamais suivi. S’achemine-t-on vers quelque chose du genre? Attendons de voir.

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