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Enseignement de l’anglais au primaire: On n’a pas fini avec les vieux démons, qu’on en provoque d’autres

Par Kongossanews

Par Stive Roméo Makanga

Adrien Makaya, le directeur général de l’Institut pédagogique national (IPN) a été on ne peut plus clair. Dès cette année académique, les deux premières classes du primaire bénéficieront d’un “dispositif expérimental” d’enseignement de la langue anglaise. Une décision entérinée par le ministère de l’Éducation nationale, qui fait suite à la très récente adhésion du Gabon dans le Commonwealth, le 25 juin 2022 dernier.

Pour le responsable de l’IPN, cette expérimentation devrait aboutir à la conception de nouveaux curricula.

“Tout enseignant sorti de l’Eni doit pouvoir enseigner l’anglais”, a insisté Adrien Makaya.

Si l’on ne peut condamner cette perspective, l’on peut, tout au moins s’interroger sur certains points essentiels. Par exemple, qu’en est-il des résolutions des états généraux de l’éducation, de la recherche et de l’adéquation formation-emploi, ainsi que les actes adoptés?

Qu’a-t-on fait de ces conclusions ? Pour rappel, ces derniers s’étaient tenus en 2010. Et donc, 12 années plus tard, quel bilan les plus hautes autorités ont-elles fait?

Dans son discours circonstanciel, Ali Bongo Ondimba avait alors déclaré, tout fringuant : “Au moment où je sollicitais les suffrages des Gabonaises et des Gabonais, j’ai pris, parmi les engagements forts, celui de convoquer les états généraux de l’éducation et de la formation”.

De cette volonté, l’objectif avait été clairement affiché : “convoquer les partenaires sociaux”, aux fins de “partager leurs réflexions, leurs expériences” pour la redéfinition “d’un système éducatif d’excellence”, au regard des carences structurelles, infrastructurelles et humaines qui ont longtemps parasité le secteur.

Qu’a fait le gouvernement, des pistes de solutions qui ont été à la fois envisagées, quantifiées, chiffrées et assorties d’un plan décennal ? Absolument rien.

Ali Bongo Ondimba, qui se disait déterminé à positionner ce secteur parmi les plus concurrentiels, assenait alors : “D’abord, dans le cadre de l’indispensable maîtrise des Technologies de l’Information et de la Communication, par les Gabonaises et les Gabonais, je demande qu’il soit consacré, sur dix ans, 1 Milliard 500 millions de Francs CFA chaque année afin que les meilleurs élèves, les meilleurs étudiants, les meilleurs enseignants et les meilleurs chercheurs soient dotés d’ordinateurs éducatifs dénommés « XO »”. Mais cette volonté a-t-elle été traduite en acte concret? Pas du tout.

“Ensuite, la Vision d’Emergence qui me lie au peuple gabonais, requiert, pour sa mise en œuvre, de faire du Gabon, une destination de référence en matière de prestation des services intellectuels de haut niveau”, précisait le chef de l’État.

“C’est pourquoi je vous demande de prendre en compte le projet de
« Cité Verte de l’Education et du Savoir » que j’envisage être caractérisé notamment par :
Un ensemble d’établissements scolaires et universitaires de référence internationale, mis en place dans le cadre des partenariats « public / privé » et dont les promoteurs bénéficieraient des facilités multiformes, notamment fiscales et douanières, sur les infrastructures et les équipements de pointe.

Une sorte de zone franche scolaire et universitaire où des promoteurs privés et même des mécènes peuvent y réaliser des bibliothèques, des librairies, des campus numériques, des universités, des résidences pour étudiants et enseignants ; le tout, desservi en eau et en électricité, de préférence par des industries propres ;

Une usine à idées innovantes dotée d’un fonds recherche et reliée à des faisceaux d’instituts, laboratoires de recherche et bureaux d’études privés et publics”, énumérait-il.

Des vœux pieux, jamais exécutés, qui sont tombés sous le coup de la désuétude.

En prétendant dispenser la langue anglaise depuis le primaire, le gouvernement a-t-il mesuré tout le dispositif qu’il suppose, lui qui n’a pas déjà été capable d’en ériger un de référentiel au secondaire?

Quid de l’aménagement des salles multimédias dans les établissements scolaires publics, le tout équipé ?

Une question qui taraude plus d’un.

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