Les Bongo en Angola : entre justice et mansuétude d’État
Par Joseph Mundruma
La justice gabonaise, au lendemain de leurs arrestations, prétendait détenir des preuves solides de leur compromission. Sylvia Bongo Ondimba et Nourreddin Bongo Valentin, accusés de détournement et de blanchiment de fonds présumés, ont été gracieusement libérés avec la bénédiction des autorités gabonaises. Ils sont arrivés ce jour en Angola, dans une discrétion étonnante.
Ce transfert intervient dans un contexte de questionnements croissants sur l’impartialité de la justice gabonaise. L’ancienne famille présidentielle, autrefois au cœur du pouvoir, semble bénéficier de privilèges qui défient les principes d’égalité devant la loi. Selon des informations confirmées par la présidence angolaise, la famille Bongo a été exfiltrée dans la nuit du 15 au 16 mai 2025, à bord d’un avion arborant les couleurs de l’Angola. Ce départ a été orchestré avec la coopération active du président angolais João Lourenço, également président en exercice de l’Union Africaine.
Les prémices de cette opération diplomatique se dessinaient depuis plusieurs semaines. Dès le début du mois, Sylvia Bongo avait quitté sa cellule, officiellement pour des raisons médicales, suivie de son fils Nourreddin quelques jours plus tard. Tous deux avaient alors rejoint Ali Bongo à la résidence familiale de La Sablière. Leur départ vers l’Angola marque l’aboutissement d’une stratégie discrètement élaborée lors de la visite privée du président Lourenço à Libreville le 12 mai dernier. Les images de cette rencontre, diffusées brièvement par la présidence angolaise, semblaient déjà annoncer une résolution négociée en coulisses.
Une justice sélective ?
Ce traitement d’exception soulève de vives critiques, aussi bien au sein de la population gabonaise que dans les milieux diplomatiques. Alors que des milliers de Gabonais sont soumis à des procédures judiciaires rigoureuses, les membres de l’ancien régime bénéficient d’un traitement singulièrement clément. Ce départ, autorisé sans la moindre explication officielle, met en exergue une justice perçue comme à géométrie variable. Pour nombre d’observateurs, cette affaire ternit davantage l’image de probité que le gouvernement de la Ve République envisage de projeter.
Le silence des autorités gabonaises
Aucun communiqué officiel n’a encore expliqué les motivations de ce transfert ni ses modalités. Cette absence de transparence alimente les spéculations. Des sources proches du milieu judiciaire rapportent qu’une déclaration du procureur général est prévue pour ce vendredi 16 mai. Celle-ci pourrait apporter des éclaircissements sur les raisons médicales invoquées pour la libération de Sylvia et Nourreddin Bongo, ainsi que sur les conditions de leur départ à l’étranger.
Nous y reviendrons
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