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Cérémonie de présentation des vœux : Dans une rhétorique unique pleine de métaphores, Séraphin Moundounga invite le président de la Transition à se porter candidat en 2025

Par Stive Roméo Makanga

Le vendredi 10 janvier 2025, le Palais Rénovation a été le théâtre de la traditionnelle cérémonie de présentation des vœux au président de la Transition, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema. Cet événement, marqué par une solennité particulière, a rassemblé un parterre de personnalités influentes, parmi lesquelles figuraient le couple présidentiel, les membres du Gouvernement, les présidents des institutions de la République, des leaders syndicaux, des responsables de l’administration, des représentants de la Fédération des Entreprises du Gabon ainsi que des confédérations religieuses.

Cependant, au milieu des discours empreints de gratitude et d’espérance pour l’avenir, une intervention s’est particulièrement démarquée et a marqué les esprits par son intensité et sa profondeur. Celle de Me Séraphin Moundounga, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), a résonné plus fort que toutes les autres, captivant de facto l’attention de l’assemblée par une éloquence rare et une riche utilisation de métaphores historiques. On le savait d’ailleurs rompu à cet exercice.

Dans une prise de parole empreinte de finesse et d’audace, Séraphin Moundounga a appelé, non sans subtilité, le président de la Transition à se porter candidat à l’élection présidentielle prévue en 2025. Ses mots, portés par une verve remarquable, ont été accueillis par une pluie d’ovations. Sans ambages, disons que tout ceci témoigne de l’écho favorable rencontré dans l’assistance.

Usant d’analogies historiques, le patron du CESE a soutenu que les périodes de transition nécessitent une continuité incarnée par leurs instigateurs pour assurer la stabilité et la pérennité des acquis. « Lorsqu’il y a un basculement vers un nouveau régime, il est bon que ce soit les initiateurs de ce basculement qui assurent la consolidation avant de pouvoir laisser le bébé se débrouiller par lui-même », a-t-il affirmé avec conviction.

Mieux, l’orateur a illustré son propos en convoquant des figures emblématiques de l’Histoire universelle. Il a ainsi évoqué le rôle du général George Washington aux États-Unis, qui, après les guerres d’indépendance, fut appelé à consolider le processus démocratique émergent, notamment lors de l’entrée en vigueur de la Constitution de 1789.

« C’est pourquoi, monsieur le président de la République, à rebours de ceux qui pensent que les militaires ne sont pas fait pour l’exercice du  pouvoir politique, et que les militaires devraient pouvoir repartir à la caserne, je voudrais rappeler qu’aux Etats-Unis, après les guerres des indépendances, c’est le général Georges Washington, qui a été appelé à consolider d’abord le processus démocratique nouvellement né, notamment à l’occasion de la mise en œuvre de la constitution de 1789 », a-t-il déclaré.

Dans un parallèle plus proche ‘’géographiquement et historiquement’’, Séraphin Moundounga a cité l’exemple du général de brigade Charles de Gaulle. Il a rappelé que ce dernier, dans un contexte de profonde instabilité politique sous la IVe République française, répondit à l’appel du président René Coty pour stabiliser la nation et instituer la Ve République à travers la Constitution de 1958. « Le Général de Gaulle, après avoir taillé la constitution de 1958 et institué le régime semi-présidentiel, n’a pas laissé le bébé entre les mains d’ouvriers malhabiles », a-t-il déclaré, sous les applaudissements nourris de l’assistance.

À rebours des opinions traditionnelles qui tendent à exclure les militaires de l’exercice du pouvoir politique, Me Séraphin Moundounga a plaidé en faveur de la candidature de Brice Clotaire Oligui Nguema, estimant que celui-ci était le mieux placé pour consolider les acquis de la Transition et guider le Gabon vers un avenir apaisé et prospère. Est-ce rationnel ? 

Pour autant, cette prise de position, loin de passer inaperçue, suscite des réactions diverses dans le microcosme politique gabonais, entre admiration pour la profondeur du discours et interrogations sur ses implications politiques.

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